Cela faisait presque 10 ans que René Granion, plombier-zingueur dans la Marne, travaillait secrètement sur sa toute dernière invention. C’est donc avec une certaine fierté, et non sans émotion, qu’il présenta Jeudi dernier devant le public ébahi de la XIVème Convention des Inventeurs de Demain, sa Décourbeuse.
Une machine extraordinaire qui annule la courbure des bananes, mais aussi courgettes et autres haricots, sans leur faire perdre de leur goût, ni de leurs propriétés énergétiques. Une véritable révolution dans le monde scientifique.
« Tout a commencé quand j’étais gamin, raconte René. Je m’amusais à dessiner mon nom avec des fruits. Pour le “i ” j’utilisais une banane. Les gens se moquaient en pensant que c’était un “c”. J’ai juré de me venger.»
Interrogé, Pierre Desmonges, actuel secrétaire du Syndicat de Transporteurs de Végétaux, témoigne : « Nous étions tous sous le choc. Il nous a fallu quelques instants avant de réaliser ce qu’il se passait. Cette découverte marque une nouvelle étape dans l’histoire de notre combat. Après des années d’exploitation et d’insécurité, nous allons enfin pouvoir augmenter le chargement de nos cargaisons tout en conservant un équilibre parfait. On ne se rend pas compte, mais la courbure des bananes, ça fait sacrément tanguer les camions. ».
Justement, et suite à l’enthousiasme suscité par cette invention, René Granion a été immédiatement contacté par de nombreux groupes industriels. Parmi la liste des investisseurs figurait la société BananaSpliff, actuel numéro 2 de la vente de fruits et légumes à courbure dans le monde.
Le site de vente de sex-toys organiques loveyourorgan.com se dit « intéressé ». Clark Wimphrey, directeur design du groupe, déclare : « Nous suivons de très près cette nouvelle invention. Des pourparlers avec M. Granion sont en cours, au sujet d’une éventuelle coopération dans le développement d’une Courbeuse. »
A l’AIRC (Agence d’Innovation et de Recherche sur les Cucurbitacés) on est intéressé, mais sceptique. Adamo Koblewsky, directeur de la division Apparence, déclare qu’il est « trop tôt pour se prononcer sur l’avenir de cette technologie ». Cependant l’excitation face à l’annonce de la percée historique de René Granion est palpable.
Néanmoins, certaines voix se font l’écho de la vague de doute qui accompagne cette découverte. « C’est un camouflet affirme-t-on dans les couloirs du CNRS. Jamais une courgette droite n’égalera la saveur d’une authentique courbée. Surtout pas en ratatouille. »
A l’Académie Française, on est inquiet. « “Avoir la banane” est une expression fondatrice de notre identité française. Si elle perd son sens, nous courrons un grand danger » avertit Jean d’Ormesson.
René, malgré les critiques de ses détracteurs, se prend déjà à rêver de grandeurs. « Il y a tellement d’applications s’enthousiasme-t-il avec passion. Vous imaginez pouvoir ranger vos bananes dans des rouleaux de PQ ? Le gain de place est immense. Ou encore créer des crucifix à partir de cornichons. Très utile pour Halloween. » Mais son plus grand espoir de conquête de nouveaux marchés nous confie-t-il, est ailleurs. Combinée avec un système de grill, sa Décourbeuse peut en effet garder les merguez et saucisses droites pendant leur cuisson. Non sans fierté, il s’exclame : « Finies les chipos qui dépassent des baguettes en mettant du ketchup partout ! »
Le début d’une nouvelle ère.
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